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Mesdames, Messieurs les députés,

Partout au Québec, des hôteliers vivent aujourd’hui une situation qui n’a rien d’abstrait: des travailleurs étrangers temporaires, des personnes qui vivent ici, travaillent ici, paient des taxes ici et contribuent à la vitalité de nos régions, risquent d’être forcés de quitter le pays dans les prochains mois (pour certains, c’est déjà commencé) faute de renouvellement de permis.

Derrière chaque dossier, il y a une histoire, une famille, un visage et une équipe qui tient debout grâce à ces employés essentiels.

Partout sur le territoire, les témoignages convergent: le Québec ne peut pas se permettre de les perdre.

La semaine précédant les Fêtes est l’un des rares moments où nos gestionnaires sont plus disponibles. Avec la fin de la session parlementaire, nous vous invitons à saisir cette occasion pour aller rencontrer les hôteliers de votre circonscription. Vous découvrirez la réalité du terrain.

Quand la pénurie de main-d’œuvre devient une menace réelle

Dans nos hôtels, les postes vacants ne se comptent plus: cuisiniers, plongeurs, préposés aux chambres, réception, entretien ménager. Malgré tous les efforts de recrutement local, les candidatures n’arrivent pas. La relève québécoise n’est tout simplement pas là.

Pendant ce temps, des travailleurs déjà intégrés, parfois depuis plusieurs années, reçoivent l’avis qu’ils devront quitter. Leur départ forcé met en péril des entreprises, mais surtout des vies ancrées ici.

Des histoires vraies, dans toutes les régions du Québec

Depuis deux semaines, plusieurs de nos hôteliers ont pris le temps de vous écrire personnellement, vous décrire la situation, et témoigner de l’urgence d’agir.

Bas-Saint-Laurent – Rivière-du-Loup

À l’Hôtel Universel, Joanna Lortie, co-propriétaire, raconte comment son restaurant d’hôtel en pleine croissance repose essentiellement sur des travailleurs venus d’ailleurs. Certains dirigent les cuisines, assurent la qualité du service, et gagnent plus que des gestionnaires. Récemment, une famille complète a été forcée de quitter, un enfant québécois sous le bras. Une perte humaine immense. Un bris de confiance difficile à accepter.

Québec et Trois-Rivières – Groupe Hôtelier Ben

Karen Coronel, vice-présidente aux opérations et fille d’immigrants, est confrontée à une injustice criante: laisser partir des employés essentiels, loyaux, établis ici depuis des années. Elle rappelle qu’en pleine pandémie, ces mêmes travailleurs étaient appelés nos anges. Aujourd’hui, on leur demande de tourner le dos à la vie qu’ils ont bâtie au Québec.

Gaspésie – Chandler

Au Motel Fraser, Nadia Minassian redoute de perdre trois travailleurs tunisiens présents depuis deux à trois ans. Sans eux: plus de flexibilité, une qualité de service en chute libre, une instabilité opérationnelle grave. En Gaspésie, recruter localement n’est plus un défi: c’est devenu impossible.

Cantons-de-l’Est – Estrimont (Magog/Orford)

Céline Denry explique que plusieurs travailleurs internationaux vivent ici avec conjoints et enfants parfaitement intégrés. Les voir partir serait un choc pour l’équipe… et un traumatisme pour ces familles enracinées.

Charlevoix- Petit Manoir du Casino

Pour Flore Colmant, les départs annoncés auront des conséquences humaines et économiques majeures pour son établissement, ses équipes, et sa région. «Sauvez nos travailleurs s’il vous plait!»

Montréal – Le Saint-Sulpice

Marc-André Dandeneau rappelle que même à Montréal, le cœur touristique du Québec, le départ forcé d’employés essentiels crée une pression intenable. «Dans notre établissement, près d’une dizaine d’employés essentiels sont touchés. Chaque personne menacée de devoir quitter le pays représente non seulement une perte de compétences, mais aussi un traumatisme humain.»

Québec et Drummondville – Les Hôtels Dauphin

Enfin, Caroline Milot résume le sentiment qui traverse l’industrie:

«Plus de 45 travailleurs ont cru en nous assez pour tout quitter et recommencer ici. Aujourd’hui, on doit leur dire qu’ils ont eu tort de croire en nous. C’est un sentiment de trahison que je ne pourrai jamais accepter.»

Nos demandes, simples et urgentes

  1. Le renouvellement accéléré des permis des travailleurs étrangers temporaires déjà présents au Québec. Ils sont intégrés, ont appris le français, ils sont appréciés et essentiels, les faire partir est insensé.
  2. Un relèvement du plafond des TET, particulièrement dans les régions où les besoins sont criants.
  3. Des passerelles plus accessibles vers la résidence permanente pour les travailleurs qui ont choisi de bâtir leur vie ici.
  4. Une coordination claire entre le gouvernement fédéral et Québec, pour éviter que des familles se retrouvent prises entre deux régimes contradictoires.

Le Québec a besoin d’eux, mais surtout : ils ont déjà choisi le Québec.

Nous vous invitons, dans les prochains jours, à aller à la rencontre des hôteliers de votre circonscription, à écouter les témoignages. Vous serez touchés et convaincus de la nécessité d’agir.

Et peut-être, au moment où tout le Québec s’apprête à célébrer, pourriez-vous offrir le cadeau que nous espérons tous : l’annonce avant les fêtes, qu’ils n’ont plus à craindre pour leur avenir chez nous.

Respectueusement,

Véronyque Tremblay, présidente-directrice générale de l’Association Hôtellerie du Québec.

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